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Story #1 : Tokyo, capitale du disque vinyle ?

Pour ce premier épisode des Plexus Stories*, Guillaume partage le récit de son tout premier voyage au Japon.

Publié le 13 mai 2023
par Plexus

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Photo d'une boutique

* C'est quoi les Plexus Stories ?
Prends un café, fais tourner un disque, installe-toi confortablement pour lire cet article : Plexus partage ses souvenirs, anecdotes et secrets de disquaire...

Petite mise en contexte

Nous sommes en Février 2015, le marché mondial du disque vinyle est déjà bien relancé depuis quelques temps.  Les usines de pressage tournent à plein régime, et toute une nouvelle génération de disquaires ouvrent des boutiques indépendantes, en France comme dans le monde entier.

Justement, 2015 est une année charnière : le marché du neuf se densifie et toute une économie se relance. Les nouvelles sorties paraissent quasiment toutes au format vinyle, et les rééditions de "classiques" -que ce soit chez les majors ou les labels indépendants- prennent une place énorme dans la production. Les prix commencent déjà à s’emballer et les marges des disquaires deviennent de plus en plus minimes.

Du côté des disques d'occasion, les belles collections se raréfient, et il faut redoubler d’efforts pour réussir à proposer des sélections originales et de qualité. L’activité de disquaire devient de plus en plus complexe et très concurrentielle.

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Le vinyle au Japon, une exception culturelle ?

Au milieu de ce foisonnant renouveau, le Japon -et plus particulièrement Tokyo- apparaît comme un temple hors du temps. De notre point de vue d’européen, le marché japonais paraît ne jamais avoir vécu de crise, et la richesse et profusion de leurs trésors culturels semblent être sans limite. Tokyo serait cet idéal, ce fantasme de la cité parfaite. Les disques les plus rares, tout comme les classiques les plus recherchés, seraient tous concentrés dans cette mégalopole surdimensionnée.

Le développement des réseaux sociaux et d’Internet a démocratisé cette opinion et a renforcé cette image surréaliste d’une "capitale" du disque vinyle.

Certes, de nombreux disquaires ont déjà parcouru et défriché la multitude des enseignes japonaises, et ce depuis le début des années 80, mais Tokyo reste encore en 2015, un absolu unique au monde dans l’inconscient collectif des collectionneurs.

Ma chance fut de connaître un certain Qpchan à cette période...

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J’ai rencontré Jérôme au début des années 2010, lorsque nous nous croisions sur les salons et bourses aux disques de province.

Il était certainement l’un des "diggers" les plus hardcore de cette époque... Capable de passer une journée complète en convention à parcourir l’ensemble des bacs jusqu’au dernier disque avec une rigueur et une patience infinies. Cet esprit perfectionniste et complétiste permit à Jérôme de découvrir un nombre incroyable de disques fantastiques, totalement ignorés ou délaissés des collectionneurs.

Sa chaîne Youtube "Crème 2 la crème" -montée avec son acolyte Raphael Top Secret- fut à elle seule un élément fondateur de toute une nouvelle scène de diggers en Europe*.

Sa curiosité et son parcours de vie l’ont très vite amené à partir à l’aventure bien plus loin que sa banlieue chatelleraudaise, et à finir par s’installer au cœur de la "cité du disque" : Tokyo.

* Library, Cosmic Disco, Balearic, West Indies Funk, Proto Techno, Ethno Folk et bien d’autres genres oubliés sont revenus au goût du jour à cette période grâce à de nombreux acteurs européens. Jérôme, pourtant connu dans ce milieu bouillonnant, resta cependant une figure énigmatique. Il influença de manière plus ou moins directe une multitude de Dj, producteurs et collectionneurs (Zaltan, Antal, Tako, Chee Shimizu, Vidal…) tout en restant dans l’ombre. Ses découvertes et son travail d’archiviste suffirent à créer un véritable mythe autour de sa personne, et dynamiser l’ensemble de cette nouvelle scène.

Un premier voyage improvisé...

Le hasard fait parfois bien les choses : 6 mois plus tôt, des publicités de voyages m’avaient amené à regarder de plus près les tarifs des voyages pour Tokyo. En quelques minutes, mes premiers billets étaient réservés ! Jérôme, installé depuis quelques temps déjà dans la capitale nippone, s'est évidemment proposé d’être mon guide pour ce premier voyage... totalement improvisé.

Je débarque donc à Tokyo en février 2015, et débute alors une grande histoire d’amour -ou plutôt de dépendance- avec cette ville unique au monde.

... et une rencontre brutale

À peine arrivé sur le sol Japonais,
Jérôme me rejoint et me jette en plein Shibuya.

Malgré l'anesthésie provoquée par la fatigue d’un vol totalement surréaliste*, le choc culturel est bien réel : la foule, les lumières, l’énergie, le rythme... tout ces "clichés" vous prennent d’assaut et ne vous lâchent plus. La culture japonaise étant pourtant dans notre quotidien depuis bien longtemps, l’expérience réelle n’en reste pas moins intense et stupéfiante.

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* Notre vol Aeroflot devait faire escale à Moscou. Mais sur fond de tension Franco-Russe et pour des raisons politico-militaires, notre avion a fait un aller retour supplémentaire à cause d’une interdiction pour tout français de débarquer sur le sol russe. Avec au final plus de 48H de trajet, autant dire que mon arrivée à Tokyo ne fut pas sans peine ni fatigue.

Photo de Shibuya Crossing

Sans avoir mangé le moindre snack local, on fonce vers le premier shop de disques venu : Face Records*, à l’époque quasiment inconnu du public étranger et gorgé de bonnes affaires en city-pop, rare groove et japanese jazz.

C’est une première grosse claque et une panique totale… Je n’avais alors aucune idée de ce que je devais attendre du reste du voyage, mais je savais déjà que quelque chose d’irréel se dessinait ici.

*Face Records reste certainement la seule boutique indépendante à Tokyo a avoir véritablement communiqué à l'international. Ils ont très vite su s'adapter au marché étranger et réussi à rendre accessible, que ce soit grâce à leur site de vente ou leur communication sur les réseaux, une sélection de disques exotiques et unique de notre point de vue de gaijin. Ils ont parfaitement anticipé ce succès grandissant du marché du vinyle japonais, ce qui leur a permis d'ouvrir d'autres boutiques par la suite : General Records, Face Miyashita, Face NYC...)   

Photo de la boutique

Après avoir passé quelques minutes dans ce premier magasin et acheté en coup de vent 2-3 maxis de Hip-Hop japonais parmi le peu de références que je connaissais à l’époque (Muro, Krush, Nujabes), on sort pour visiter d’autres shops indé.

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On passe d'abord au légendaire Next (au final sans véritable intérêt), puis on enchaine sur une toute une autre vibe...

Un petit shop spécialisé en occasions totalement freak (Nothin' But Records), installé à l’étage supérieur, débordant de piles de disques entassés à l’horizontale, déformés par des années de maltraitance et d’humidité ambiante.

Impossible de sortir la moindre trouvaille tellement ce bordel organisé semble insurmontable.

La fatigue de ce premier vol interminable commence à prendre le dessus, il est temps de retourner vers Azabu-Juban, le quartier de résidence de mes premiers voyages...

Pause dodo bien méritée

Installé dans un hôtel midclass hors des sentiers battus, le dépaysement continue à plein régime : sur les conseils avisés de Stéphane des éditions du Lézard Noir, j’avais booké une chambre dans un petit building habituellement réservé à une clientèle japonaise de passage.

Pas un mot d’anglais à l’accueil, un service traditionnel, une décoration hors du temps, des bains communs au sous-sol… bref, un petit paradis déconnecté de la réalité touristique de Tokyo.

Photo de l'hôtel

Deuxième jour, deuxième leçon

Photo de pochettes

Le lendemain, on planifie un peu plus la suite de mon séjour : il nous reste à peine 10 petites journées pour découvrir au mieux cette mégalopole et ses environs. Je sais déjà qu’il me sera impossible de faire tout ce que nous avions repéré. Direction Shinjuku, et premier stop dans un basement Disk Union spécialisé en musique japonaise* : un petit corner fréquenté par Jérôme depuis quelques années déjà.

Me voilà à peine arrivé dans ce petit 20m2 exigu...
et je me retrouve totalement perdu !

Car oui, à l’époque, pas un seul effort n’était fait par le staff de Disk Union pour les étrangers : des intercalaires entièrement en japonais, des intitulés et des classements inhabituels pour les européens, pas de dialogue possible avec les vendeurs... Et surtout : mes connaissances en musique japonaise étaient alors plus que maigres.

* Disk Union, fondé en 1969, est la plus importante chaîne de magasins de musique japonaise avec plus d’une quarantaine de boutiques.

Chaque grande station de Tokyo possède ses différents départements Disk Union, avec très souvent des thématiques spécifiques pour chaque magasin ce qui permet de cibler très facilement les genres recherchés. Le turnover et la richesse du catalogue dans les plus importants de ces départements restent très certainement uniques au monde.

 
Bref, j’avais quasiment tout à apprendre.

Yellow Magic Orchestra, Yuji Ohno, Tasturo Yamashita… et pas grand chose d’autre n'aura été capable d’attirer mon attention dans ce shop aux allures de soucoupe volante. Il faut avouer qu’à cette époque, l’explosion de la scène japonaise n’avait pas encore eu lieu.

Pour donner un simple repère : je me souviens très bien à mon retour galérer à vendre une copie de Variety de Mariya Takeuchi à plus de 25€, du coup, j’hésitais fortement à en acheter à plus de 500yen lors de mes premiers voyages (et il faut avouer qu'il était impossible à cette époque d'acheter ce disque pour plus de 500-800yen, tout comme un For You de Tatsuro...). Heureusement, perdu dans ce temple de la city-pop, Jérôme me sortit quelques refs qu’il connaissait déjà sur le bout des doigts : des OST de films d’horreur, du jazz japonais obscure, du cosmic disco tokyoïte, de l’ambient minimaliste aux accents new-age...
 

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Quelques heures plus tard, on file vers un autre basement DiskUnion situé dans le même quartier, mais spécialisé quant à lui en Rare-groove. On ne respire pas plus dans ce second sous-sol aux lumières artificielles. Mais il suffit d’un bac pour me rassurer et prendre un seconde claque bien plus lourde...

Toutes ces références fantasmées de spiritual jazz, deep soul, jazz-funk, psych’ rock, disco new yorkais : TOUT est là ! 

Au mur, Syl Johnson, Weldon Irvine, the Mighty Ryeders, ESG, James Mason, Terry Callier, Dorothy Ashby, Shamek Farrah, David Axelrod, et bien d’autres raretés totalement introuvables, en pressage original et état exceptionnel. Difficile d’imaginer autant de pièces recherchées en si peu d’espace. Même lors de mes précédents voyages à New York, San Francisco, Portland, Chicago, je n’ai jamais réussi à trouver un équivalent. La réputation de ce DU s'avère bien justifiée, et le reste toujours aujourd'hui, même s'il faut bien avouer que les Holy Grail s'y font de plus en plus rares (toute proportion gardée avec les boutiques du commun des mortels).  

Le mini système JBL (nous prendrons le temps de revenir en détail sur la fascination des japonais pour cette marque américaine dans un prochain épisode consacrée à la Hifi au Japon) diffuse en boucle un mix de classic-breaks et fait monter l’adrénaline, l’ambiance est unique et parfaite... et me fait oublier le fait que je suis en train de digger dans l’une des plus grosses chaînes de magasins de disques de la planète.

Tout le paradoxe de la réussite de Disk Union réside bien dans cet équilibre : avoir le stock le plus vaste et important au monde (en vinyle et -surtout- en cd), tout en proposant quand même une sélection choisie de titres la plus pointue et spécialisée possible. Certes, cette grosse machinerie peut paraître quelques peu impersonnelle (un turn over de plusieurs millers de disques à la journée, des équipes de staffs énormes, une informatisation complète de l'activité) mais elle symbolise à elle seule la réussite du modèle économique japonais. Ce n'est qu'avec le recul nécessaire de nombreux voyages dans la capital du disque que j'ai véritablement réussi à comprendre à quel point cette "chaine" de magasin est unique, et qu'elle parachève une certaine forme d'idéal de l'activité de disquaire à travers sa perfection structurelle et économique. Oui, il manque certainement quelque chose dans cette affaire, quelque chose de plus humain ou de plus personnel, mais nous ne pouvons tout de même pas imaginer de réussite plus exemplaire et grandiose dans notre métier. 

Je ressors fébrile, des étoiles dans les yeux et le budget é-cla-té.

Un voyage ? Non : un marathon rêvé pour tout collectionneur

C’est le début de la tournée de la ville ponctué par ces arrêts dans les différents départements de Disk Union, mais aussi chez l’ensemble des indépendants qui résistent encore face au rythme effréné du turnover de ce géant de la distribution musicale.

J’achète la dernière mouture du guide des disquaires de Tokyo et comprends véritablement l’ampleur de la chose… il faudrait plus d’une vie pour faire le tour complet de cette liste infinie.

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Episode 2 >

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