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Une nouvelle Plexus Story* !
Au Japon, la musique s'immisce dans tous les recoins de l'espace public. Au cours de ses voyages, Guillaume a pu constater comment chaque note est soigneusement intégrée à son environnement : quel que soit l'endroit, la passion japonaise pour la HIFI saute aux oreilles.
L'âge d'or des Kissa Bar est le meilleur témoin de cette culture sonore très profondément ancrée...
Publié le 24 août 2023
par Plexus
* C'est quoi les Plexus Stories ?
Prends un café, fais tourner un disque, installe-toi confortablement pour lire cet article : Plexus partage ses souvenirs, anecdotes et secrets de disquaire...
Dans les épisodes précédents...
Disquaire à la bougeotte, Guillaume poursuit ses Diggin'Trips au Japon, à la recherche de magasins secrets et de disques oubliés. Dorénavant familiarisé avec l'ambiance et le contexte si particuliers du diggin' sur l'archipel nippon, il a appris à trouver un semblant d'équilibre face à la densité et la diversité d'un tel eldorado du vinyle, sans manquer de faire quelques pauses bien méritées au Sento !
En parlant de pause... avez-vous déjà passé le pas de la porte d'un authentique bar audiophile ? Venez, on vous emmène.
Impossible de rester indifférent face à l’étalage d’enceintes, amplis, platines que l'on trouve dans la grande majorité des lieux publics à Tokyo ou ailleurs dans le Japon. Que ce soit dans les records shops, les Izakaya*, les hôtels, les salles d’attente, le métro, les galeries, les librairies... la musique est toujours présente, sous toutes les formes imaginables.
* L'Izakaya est un équivalent japonais du Pub anglais, du Bistrot français ou du bar à tapas . On y sert des boissons alcoolisées, la plupart du temps commandées avec des plats chauds ou froids à partager entre amis/collègues dans une ambiance décontractée.
Cette omniprésence est toujours conçue avec un souci du détail et une vraie réflexion autour des particularités de chaque espace : la fréquentation, la volumétrie, les aménagements, etc.
On y trouve un éventail très large d'installations : allant de la micro-HIFI (mini haut-parleurs intégrés dans les murs des galeries) à de la monumentale Haute-Fidélité où le système fait partie intégrante de l’architecture d’une salle ou d’un bâtiment, comme ces immenses horns bi-directionnels installés derrières les parois de certains auditoriums.
Que ce soit dans un petit 20m2 d’un papy audiophile, ou dans le hall gigantesque d’un musée, la musique et ses modes de diffusion restent toujours au centre des préoccupations des Japonais.
Les journées des Tokyoïtes sont entièrement rythmées par cette omniprésence aux multiples facettes : l’ambient et les field recordings couramment diffusés dans les espaces publics tels que le métro, le jazz à papa perçu au détour d'une petite ruelle de quartier, les quelques notes de musique indiquant aux enfants l’heure de rentrer chez eux (goji no chaimu*) , l’AOR suranné des Izakaya, la Jpop sur-vitaminée s'échappant de jour comme de nuit par les portes ouvertes des salles de Pachinko**...
* goji no chaimu est une mélodie diffusée dans les rues au Japon aux alentours de 17H afin de tester le matériel public face aux risques de catastrophes naturelles (vous trouverez ici plus d'interprétations sur ces petites mélodies).
** Un pachinko est un jeu d'argent populaire, bruyant mélange entre un flipper et une machine à sous.
Malgré cela, pas de réelle fatigue auditive en fin de journée. Car chaque diffusion respecte un certain nombre de codes et reste cohérente par rapport à la vie de chaque lieu, à leur rythme et esthétique intrinsèques.
Ce qui choque au départ, lorsque l’on porte son regard sur ces différents éléments de diffusion, c’est dans un premier temps la récurrence d’un petit logo orange qui symbolise à lui seul la fascination des Japonais pour le monde de la Hifi : celui de la marque JBL.
Que ce soit chez les disquaires, dans les salons de thé, les restaurants, les boutiques de fringues... il y a toujours dans un recoin (ou au contraire, bien exposée) une paire d'enceintes JBL 4312 en plus ou moins bon état, prête à jouer une mélodie de Chet Baker.
La passion des Japonais pour cette célèbre marque américaine est unique. Il doit y avoir plus de paires de JBL au Japon que dans le reste du monde.
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir du choix concernant les marques nippones : Yamaha, Pioneer, Victor, Diatone, Coral, Trio, Sony, Onkyo, Technics... tous ces noms légendaires ont conçu des modèles absolument magnifiques, aux performances exceptionnelles.
Pensons à la série NS de Yamaha par exemple, avec les mythiques NS1000 (et autres déclinaisons) qui dans une certaine mesure sont inspirées des JBL L100, tout en apportant une nouvelle technologie avec leurs dômes en béryllium. Idem pour la série SB de Technics : tout aussi magnifique en terme de musicalité, de performance et de finition.
Pléthore d’enceintes japonaises dans les années 1970-80 pouvaient concurrencer l’armada américaine sans avoir aucunement à rougir. Cependant le charme et l’exotisme de JBL se sont très vite imposés, pour finalement installer la marque américaine au coeur de la scène HIFI japonaise et devenir en quelque sorte une norme, un standard, une référence.
Difficile aujourd'hui d’être passé à côté d’une photo d’un Kissa bar sur les réseaux sociaux. C'est d'ailleurs dans ce genre d'endroits que le dévouement pour la marque JBL atteint son paroxysme.
Lors de mes premiers voyages à Tokyo, peu d’étrangers fréquentaient ces lieux uniques, tenus par de petits papys, dans des ruelles éloignées des sentiers battus par le flux des touristes occidentaux. Mais très rapidement, ils sont devenus le symbole même de l’idéal audiophile et certains d’entre eux (notamment dans les stations touristiques de Tokyo) se retrouvèrent remplis d’européens ou d'américains en quête d’exotisme.
Ces dernières années, beaucoup de nouveaux Kissa bars ont ouvert dans l’hyper-centre de Tokyo. Ils présentent malheureusement un certain décalage avec l’authenticité des générations précédentes...
Bien souvent, on y retrouve les clichés mêmes de l’archétype audiophile : de grosses JBL aux façades bleues, un Macintosh pour les driver (probablement récent et avec des tubes teintés d'un vert fluo de très mauvais goût). Sans oublier une paire de Garrard 401, au pleurage très incertain…
Le résultat est la plupart du temps décevant, sans âme et très loin d'atteindre la qualité de son à laquelle on peut prétendre avec un tel matériel.
Loin de moi l'idée de vouloir dénigrer à tout prix les newcomers ! Il faut néanmoins admettre que surfer sur la mode du bar audiophile ne fait pas tout. Il s’agissait, pour beaucoup de ces anciens tenanciers, d’un véritable choix de vie, reflétant une passion et une quête sans limites pour un domaine musical et un idéal audiophile.
Si vous avez eu la chance de franchir la porte d’un vieux Kissa bar, vous savez exactement de quoi je parle. Ces lieux sont le résultat de tout une vie : chaque objet, chaque accessoire de décoration, chaque élément HIFI y raconte une histoire. Ces temples, à la fois désuets et sacrés, reflètent à travers leurs différentes strates les aspirations et les obstacles rencontrés par leur propriétaires.
Ces lieux reflètent tout un pan de la société : ils sont de véritables temples permettant aux salary men* de décompresser de leurs journées éreintantes et de s'offrir une pause hors du temps, loin de l’agitation de la ville. Une pratique qui ne date pas d'hier : tout une partie de la société japonaise (principalement masculine) a trouvé refuge dans le Kissa bar depuis les années 1930, jusqu’à leur apogée dans les 70's / 80's.
* Salary man est le terme utilisé par les Japonais pour désigner l'employé classique des grandes sociétés (par opposition à l'ouvrier ou l'artisan). Reconnaissable à son éternel costume-cravate et sa fidèle sacoche, le Salary man japonais sacrifie toute sa vie pour l'entreprise dans laquelle il travaille : il ne prend pas (ou peu de congé), travaille plus de 12h par jour, dort régulièrement à son bureau pour ne pas perdre de temps dans les transports...
Loin de l'image d'Épinal, les Salary men sont une vraie réalité sociale japonaise. Leur rythme de vie et leur dévouement restent sans égal, mais reflètent un grand nombre de problèmes sociaux : alcoolisme, solitude, prostitution, suicide...
Au delà d'un authentique lieu de partage et de découverte, il était aussi un des seuls moyens pour véritablement écouter dans de bonnes conditions les futurs classiques de John Coltrane, Hank Mobley, Kenny Dorham, Bill Evans, Thelonious Monk…
L’accès au matériel haute fidélité, ainsi qu’aux imports d’albums américains restait jusque là très restreint : au même titre que la radio, le Kissa bar fut un des acteurs les plus importants de la démocratisation du jazz américain et européen au Japon.
>>> Après les années 80, la tendance s’est inversée : le nombre de Kissa bars diminua progressivement, jusqu’à ce qu’ils deviennent des lieux presque désuets à partir des années 2000.
Depuis une petite dizaine d’années, le retour du vinyle et l’impact grandissant des réseaux sociaux ont relancé l’intérêt autour de ces sanctuaires musicaux, jusqu’à en faire -dans un certain sens- un archétype, un modèle, un but, pour tout une nouvelle génération.
Une des expériences les plus authentiques que j’ai pu faire d’un de ces endroits reste celle du désormais disparu Milestone dans le quartier de Takadanobaba.
Ouvert depuis 1976, cet endroit reflétait toute la quintessence du kissa bar. Situé dans une petite ruelle calme de Takadanobaba (station située au nord de Shinjuku), master Orito-San, portant le kimono traditionnel, vous y accueillait avec un flegme et une bienveillance uniques.
Très certainement surpris d’y recevoir des étrangers, Orito-San gardait toujours dans un premier temps une certaine distance, peut-être froide au premier abord, mais qui se délitait au fur et à mesure qu’il s’apercevait que vous respectiez les règles du lieu.
Car à peine franchi le seuil, une sérénité et un calme s’imposaient à vous avec une emprise presque irréelle. Les tables y étaient souvent à moitié occupées, avec 2-3 habitués en train de se détendre à quelques mètres des énormes enceintes JBL Olympus placées au fond de la salle.
Loin de l’effusion des snack bars ou autres Izakaya, Milestone café proposait un véritable cadre hors du temps, comme suspendu au delà du tumulte de la vie tokyoïte.
Seule la passion semblait guider les choix d’Orito-San. Les petites tables tout comme le reste de la salle étaient décorées avec soin : de fines nappes délicatement repassées, des compositions florales constamment renouvelées, des ouvrages et revues spécialisées sur le jazz occupant tout un pan de mur...
Au fond de la pièce, à cheval au-dessus des deux Olympus, un tableau totalement surréaliste imposait une atmosphère décalée avec le classicisme des autres photographies exposées.
Orito-San circulait derrière son comptoir au rythme des albums qu’il choisissait méticuleusement dans sa collection.
En cd ou vinyle, il enchainait une sélection sans faute de morceaux oubliés d’hard bop, cool jazz, vocal jazz, des années 1950 aux 90's, tout en s’occupant des quelques habituels salary men sous le charme désuet et attachant de ce lieu unique.
Je me souviens encore, lors de mon premier passage avec Vincent Guignard (anciennement à la tête de la boutique Music-Play à Niort) : j'avais été totalement subjugué par l’ambiance qui se dégageait de ce bar...
Une fois installés à une petite table avec -chose surprenante- une bière belge à la carte fraichement servie, Orito-San enchaine avec un magnifique morceau de Chet Baker de sa période européenne 80’s, dans lequel bien-sûr ce dernier chante avec toute la tristesse du monde sur ses épaules. Un salary man s’endort à moitié dans un coin de la salle, sa bouteille de whisky personnelle à peine entamée, tout en se laissant bercer par le thème « This is always » d’Harry Warren magnifiquement repris par Chet.
Les énormes enceintes JBL Olympus sont coiffées de leurs mythiques tweeters presse-agrume, sortis des caisses. Amplifiées par deux blocs MC30 poussiéreux gorgés de saturation et de ronflette, elles diffusent à travers leurs boomers de 38cm une musique d’une présence hors du commun. Les monumentaux pavillons HL88 y sont également pour quelque chose.
Orito-San, de son côté, profite de la longueur de certains morceaux pour disparaître derrière son bar et jeter un coup d’oeil sur un match sportif diffusé sur une télé branchée pour son usage personnel.
Malgré ce décalage surprenant, une magie s’opère, résultant d’un équilibre incertain et fragile : le charme de ce système HIFI plus ou moins bien réglé, le kitsch marginal de la décoration et son exubérance florale, la retenue et l’impassibilité d’Orito-san, la simplicité et la maîtrise parfaite de sa "playlist", et le respect qu’impose l’impressionnante collection de revues spécialisées mises à la disposition des clients.
Ces souvenirs du Milestone sont loin de l’atmosphère impersonnelle et prévisible des nouveaux Kissa bars qui ouvrent désormais dans le monde entier. Aujourd'hui, chaque collectionneur, chaque DJ, chaque disquaire, chaque bar dédié à la musique, chaque friperie, se doit aujourd’hui de posséder un dj booth avec un joli meuble en bois intégrant une paire de Technics MKII, une table rotary, un bel ampli vintage drivant si possible une grosse paire d’Altec ou JBL. Ce schéma, cet art même de la diffusion musicale, est directement hérité et inspiré du Kissa bar, et par la suite des installations privées des audiophiles japonais.
Rien de nouveau sous le soleil lorsque des passionnés tel que Devon Turnbull (aka Ojas*) présentent des « Hifi Listening Room Dream » au grand public. Ils ont simplement réussi à démocratiser une pratique et un savoir-faire qui jusque là étaient restés entre les mains des esthètes nippons.
Devon lui-même ne cache d’ailleurs pas s’être directement inspiré des grands techniciens japonais, qui ont su transmettre leur savoir et connaissance à travers un nombre incroyable de revues spécialisées (dont notamment la mythique Stereo Sound).
* Ojas est la marque lancée il y a quelques années par Devon Turnbull. Elle surfe sur l'héritage japonais des années 80 : système haut-rendement DIY, amplification à tubes, cellule Denon "améliorée", session d'écoute audiophile... le tout teinté de design, fashion...
>>> Pour une approche plus personnelle et authentique du savoir-faire japonais, visitez le blog JE Labs : c'est un véritable observatoire et champ d'expérimentation de la hifi vintage.
De la même façon, des lieux comme Brilliant Corners et Spiritland à Londres, Bambino à Paris, ESP Hifi à Denver, Bar Shiru à Oakland, Eavesdrop à Brooklyn, Gold Line Bar à LA, Potato Head à Hong Kong, et bien d’autres n’existeraient pas sans cet héritage des Kissa bars traditionnels japonais.
Tous ces lieux sont magnifiques, avec des designs et du matériel incroyables... mais je reste cependant convaincu que l’ambiance d'un petit Milestone perdu au beau milieu d’une ruelle de Takadanobaba demeure pourtant inégalée. Pousser la porte d’un de ces vieux Kissa bars, c’est faire une expérience incomparable et inoubliable, qui reste semble-t il aujourd’hui toujours unique au Japon.
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